Nous évitons de noyer le poisson

Billet Censuré

25/08/2008, 19:35

J-1 avant la flat tax


J-1 AVANT LA FLAT TAX


Dure place que celle de monarque déchu, les médias vous tournent alors le dos et ne donnent plus l'écho qu'il mérite à vos déclarations immortelles.

Pour ceux qui l'auraient déjà oublié - et comment vous en vouloir - , Jacques Chirac, mangeur de pommes devant l'éternel et pourfendeur de fractures sociales, fut le plus grand président de la 5ième république du haut de son mètre 90.

Cela date de quelques temps déjà (le 4 septembre 2007 après vérification), avant la naissance dans l'indifférence générale de ce blog, pour tout dire, mais l'information a été superbement ignorée par la quasi-totalité de la presse. Vite, ma BA du jour sera de corriger cette ignoble injustice:


La planète Mars parle aux Français


"L'aide au développement est en train de baisser, ce qui est tout à fait injustifié et qui doit être redressé d'urgence."

Bon le développement de l'Afrique, tout ça, jusque là ok.

Ensuite vient que la taxe Chirac comme on l'appelle (taxe sur les billets d'avion) est suivie par un "certain nombre de pays".

Là on commence à quitter les rails. Certes, 2 (aux dernières nouvelles) est un certain nombre, mais ça s'appelle un mensonge par omission. Ne nous attardons pas, car maintenant arrive le gros morceau:

"On peut imaginer beaucoup de choses", "une taxation supplémentaire sur l'essence, les communications téléphoniques et même sur les clics sur Internet".

J'imagine d'ici la scène: le vieux monarque se lève un bon matin dans son château de Bity, et constate que, Diantre ! Sa marotte est au plus mal. Il convient de réagir prestement: le bon peuple pourra bien s'acquitter d'une nouvelle dîme, car c'est bien connu: "Il n'y a aucun problème qu'une bonne taxe ne puisse résoudre !".

Le pire, c'est que j'ai peur de ne pas être tombé loin de la vérité. Résumons, le gars qui a été maire de Paris puis qui a dirigé le pays pendant 12 ans nous propose de:

  • Taxer l'essence, alors qu'elle est déjà taxée à 75% et que les prix montaient à l'époque.
  • Taxer les communications, passe encore.
  • Taxer les "clics"

Sur ce dernier point, chapeau bas. On peut avoir plus de précision ? Chaque clic de mulot sera-t-il décomptabilisé ? Comment, par un programme obligatoirement installé sur tous les postes ? Vous êtes sûrs qu'il n'y aura aucun moyen de fraude ? Et les linuxiens, ils passeront sous Windows pour surfer ?

Bon, j'arrête le mauvais esprit: ce que Mr le Président (*) a voulu dire avec ses mots à lui, c'est bien sûr que chaque accès à un site sera payant. Oh, pas beaucoup. Allez: 0,01 euro. Si on surfe sur ~ 20 sites par jour, ça fera 6 euros à la fin du mois. Avouez que ce n'est pas la mer à boire !

Quelqu'un a-t-il expliqué à Mr Chirac que quand on va sur un site, le navigateur récupère en fait des informations de divers serveurs (images, compteurs...) ? Ils seront tous taxés ? Lui a-t-on expliqué qu'une simple recherche google peut nécessiter une dizaine de requêtes sur le même serveur avant de trouver ce que l'on cherche ? Tiendra-t-on la liste des sites visités chaque mois ? L'activité des spywares et autres joyeusetés sera-t-elle aussi comptabilisée ? Les FAI seront-ils ravis de devoir faire l'impossible décompte ?

Mr Chirac a-t-il jamais entendu parler de Google, conçu dans un garage par deux étudiants ? Combien coûterait mensuellement l'indexation de millions de sites (à l'époque) à 0,01 euros par requête ?

A-t-il jamais entendu parler du concept de l'Internet libre ? Mais c'est vrai que dans son fief il a posté des gardes sur tous les ponts pour collecter un droit de passage auprès des gueux, tout ça c'est des choses qui échappent à son entendement.


Des taxes, toujours des taxes... Ben oui, "les caisses sont vides !" C'est un peu pour cela que le Président du Pouvoir d'Achat va nous chercher une nouvelle taxe avec les dents pratiquement toutes les semaines. Mais jamais de nouvel impôt.

Bah, les taxes et les impôts, c'est la même chose après tout.

Non

La différence est même fondamentale.

Pour l'écrire avec un gros pinceau, l'impôt est un prélèvement idéologiquement de gauche tandis que les taxes sont idéologiquement de droite.

Pour s'en convaincre, il suffit de prendre un panel représentatif de trois personnes de salaires respectifs: 1000, 1500 et 2000 euros. Vu le coût de la vie et une consommation croissante, chaque mois il leur reste: 50, 250 et 600 €.

Imaginons une taxe sur les clics. Le gars au SMIC va limiter ses activités sur le net: 25 €. Le salaire médian va surfer normalement: 50 €. Le salaire supérieur ne va pas compter ses sous: 75 €.

Ils leur restera: 25 (perte de 50%), 200 (perte de 20%) et 525 (perte de 12,5%). Et en plus certains se serrent la ceinture.

On peut multiplier les exemples fictifs ou non, le fait est que les taxes frappent durement les plus pauvres, bien qu'ils consomment moins. Et la différence avec l'impôt, alors ?

Prenons le cas de l'impôt sur le revenu. Instauré pendant la 1ère guerre mondiale, c'est un impôt progressif: plus on gagne et plus on paye un pourcentage élevé de son salaire. C'est basé sur la théorie que le premier euro (ou franc) est beaucoup plus important que le 1000ième, qui lui-même est beaucoup plus important que le 2000ième et ainsi de suite.

L'impôt en général frappe plus ceux qui obtiennent la plus grosse part du gâteau, c'est pour ça que l'on dit qu'il est redistributif.

D'une interprétation plus personnelle, ce système est une soupape de sécurité qui a pendant ~ 80 ans empêché que la richesse ne se concentre trop entre les mains des classes supérieures.

Que se passe-t-il maintenant ?

Chaque année, la nouvelle loi de finance érode ce mécanisme (y compris, en l'occurrence, sous le gouvernement Jospin): baisse du nombre de tranches, baisse du % prélevé par tranche, mais aussi instauration de niches et autres bouclier fiscal.

Alors oui, l'impôt baisse, mais cette baisse est ensuite uniformément répartie sur toute la population via la TVA et les autres taxes (vous l'avez sentie légèrement augmenter, votre taxe d'habitation ?) Adieu progressivité et redistribution.


Bon, on ne va peut-être pas non plus en appeler à voter Besancenot, pour, à terme, pendre le gouvernement à des crocs de boucher (les patrons par la suite).

Soyons honnêtes: dans une économie mondialisée où la nationalité est devenue une notion floue, si on ne baisse pas les impôts on obtient un exode vers les paradis fiscaux. On me souffle d'ailleurs à l'oreille que, en 1995, Le Monde avait révélé que les 100 plus gros revenus français payaient 0 franc d'impôt grâce à toutes les niches fiscales.

Plus on a de cartes, plus on peut jouer.

De la même façon, plus on a de sous, plus on peut abuser des 450+ niches fiscales, tandis qu'à l'opposé quand on en a pas du tout on ne paye pas d'impôts.

Une belle perversion du système: au lieu d'être ascendant, le pourcentage d'impôt à payer en fonction du revenu est devenu une courbe en cloche ! Et au milieu, comme toujours diront les mauvaises langues, la classe moyenne est le dindon de la farce.

Rien de bien étonnant, mais j'ose juste espérer qu'avec le mécanisme du bouclier fiscal et tout le reste certains ne trouvent pas moyen d'obtenir un impôt négatif, c'est à dire un chèque de remboursement du Trésor avec beaucoup de zéros en contrepartie de rien.


Il ne manquerait plus que ça.



(*) Rappel: c'est son titre à vie maintenant

MsDRXh2pC0 2016-10-22 20:54:01

Commentaire subversif en attente de modération.

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