Le Château des Ténèbres [Quête du Graal 1/8]

Le Pécresse Show

31/07/2011, 19:12

Video Game Debacle (2/5) : No Duct Tape on Mars



DOOM fut pour le jeu vidéo une révolution. Jusqu'en 1993, on avait le choix entre un Wolfenstein rapide mais basique et des jeux en 3D plus élaborée mais désespérément lents, et c'est dans ce contexte qu'il débarqua.

Sans rentrer dans les détails, c'est grâce à un moteur simple et ingénieux que DOOM pu offrir des environnements assez complexes associés à un gameplay particulièrement dynamique. Le Doomguy courant à 65 km/h (*) y était pour quelque chose. S'y ajoutaient tout un arsenal (aucune comparaison possible avec les étincelles ridicules d'un Heretic) et un bestiaire aux méthodes d'attaques enfin variées (tir / mêlée / charge / projectile). La recette du succès.

L'autre gros, très gros atout de DOOM fut la possibilité de créer ses propres niveaux. La communauté des joueurs compris assez rapidement comment faire et proposa des utilitaires permettant de concevoir ses propres cartes. La relative simplicité des structures permettait à chacun de s'y mettre, et, une petite vingtaine d'années plus tard, les fans continuent de produire quantité de nouveaux niveaux, ce qui est un cas assez unique dans l'histoire du jeu vidéo.


Le génial Deus Vult II


En 2011, DOOM reste un jeu très fun. Rapide, violent et assez peu exigeant au niveau des réflexes comme de la précision, c'est un peu comme Pacman ou Arkanoid : même complètement dépassés, ils restent des classiques auxquels on peut jouer sans difficulté.

Sauf que

Peu avant la sortie de DOOM 2, quelqu'un (Romero, Carmack ?) de chez ID Software était cité dans un magazine français dont le nom m'échappe également : "DOOM 2 sera encore plus sombre et oppressant que le 1".

L'observateur attentif, saisi de doutes, aura vainement relu la première partie à la recherche d'une quelconque référence à l'obscurité ou à la tension, et, éventuellement, à ce que cela pourrait apporter au gameplay.



DOOM II


- Chapitre premier, la luminosité

Le joueur de DOOM, confronté à un passage ridiculement obscur, tape sans même y penser le code "IDBHOLDL" pour mettre la lumière à fond. Personne n'aime se tuer les yeux ni s'embêter à régler le gamma (F11 sur le clavier).

Pour avoir testé une montagne de maps (WAD) populaires, cette règle semble bien être universelle.


- Chapitre second, l'oppression

DOOM se déroule pour partie en enfer, mais le rendu est d'un kitch digne de la maison des horreurs de la fête foraine du coin (Un ennemi empalé, des flammes qui scrollent sur un mur...). Hexen est un très bon jeu d'ambiance (musiques, nature et structure des niveaux), certaines WAD arrivent à créer une histoire cohérente (Galaxia fut une des premières), mais DOOM échoue totalement à ce niveau.


Nous étions donc dans la situation ridicule où les créateurs d'un jeu classique n'avaient pas très bien compris quelles étaient les raisons de son succès et comptaient en faire une suite en mettant l'emphase sur des éléments de gameplay inexistants.

La recette de la catastrophe ?..



DOOM II

DOOM 2 est plus une extension du 1 qu'autre chose : nouveaux niveaux, nouveaux ennemis, nouvelles musiques beaucoup moins typées. Ah oui, et le super shotgun.

Si la structure des niveaux démontre une maîtrise accentuée de l'outil, ceux-ci demeurent chiants. J'insiste sur le mot, car si on peut jouer au 1 ou aux nombreuses WAD disponibles, les niveaux du 2 sont sombres, tristounets, répétitifs, un peu ridicules par rapport à ce qu'il essayent de représenter et exagérément alambiqués.

Cela reste un avis personnel, mais j'ai encore à être autant dépité par une WAD que par les niveaux officiels du 2.


Pourquoi changer une équipe pour gagne ? En 2004 sortit DOOM 3, extrêmement sombre et scripté à mort pour faire apparaître les ennemis dans le dos du joueur. La seule source de lumière étant la lampe torche, qu'on ne peut évidemment pas utiliser en même temps que son arme, d'où l'ironie des joueurs : "il n'y a pas de scotch sur Mars".



DOOM 3

Alors bien sûr, un jeu de 2004 ne peut se permettre de reprendre bêtement les éléments de son ancêtre de 1993, mais il faudrait sérieusement que quelqu'un explique à ID Software qu'entre un Serious Sam et un Alone in the Dark, DOOM penche naturellement vers le premier.

De préférence avant la sortie du 4.



Les meilleures WAD par année


(*) 570 unités de carte par seconde, soit ~ 18 m/s, soit ~ 65 km/h.

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