01/10/2008, 20:43 La crise économique pour les nuls, par un nul
La crise économique pour les nuls, par un nul
"Mais que se passe-t-il ?"
Interrogation bien légitime s'il en est. Mais quand on vit dans la soute et que le capitaine est plus occupé à nous faire écoper qu'à nous expliquer pourquoi il a eu raison de percuter cet iceberg, nos questions restent parfois en suspend.
Alors réjouissez-vous ! Cette page HTML luxueusement illustrée avec Paintbrush va vous apporter toutes les réponses aux questions que vous ne vous étiez jamais posées avant ce lundi noir.
Mais d'abord, établissons le cadre légal:

Or donc, les Etats-Unis sont un grand pays (9.629.000 km²), celui de la libre entreprise et du rêve américain. Chaque jour que Dieu (*) fait, l'Amérique qui se lève tôt va travailler et, se faisant, produit des richesses.

L'accumulation de ces richesses produit le PIB. Ce PIB est ensuite redistribué d'une manière très égalitaire entre les travailleurs et les détenteurs du capital:

Cet équilibre social a été établi en diamétrale opposition avec celui de l'Empire du Mal, qui ne produisait rien mais entendait le partager équitablement entre chaque individu. Diableries !

Nous avons là le postulat de base. Mais, sortie de la simplicité de ce schéma, la vie n'est pas facile tous les jours. Les travailleurs américains sont donc souvent obligés de cumuler plusieurs emplois (10 millions de personnes en 2000).
Pire encore: les détenteurs de capital n'ayant pas forcément d'activité, ils n'ont pas, eux, la possibilité de travailler plus pour gagner de quoi survivre. Ils sont donc par voie de conséquence obligés de boursicoter.
Nous avons là le premier vice du système.
Quand, exemple fictif, un trader achète pour 4.000.000 $ et revend 5.000.000 $, nous avons la création virtuelle d'un million de dollars. En plus d'augmenter la masse monétaire et donc d'avoir un impact sur l'inflation, peu à peu la valeur théorique des choses dépasse de plus en plus leur valeur réelle, et une bulle spéculative commence à se gonfler.
C'est la financiarisation de l'économie, presque pire que l'URSS.
Pour accélérer leur chute développement économique, les Etats-Unis ont longtemps vécu à crédit: les américains (entre autres) hypothéquaient leur maison via le système des mortgages, encouragés par le système bancaire et applaudis par les politiques.

La population des Etats-Unis était confiante en l'avenir, alors elle s'endetta à 150%. Elle était jeune, en pleine santé et les taux de remboursement variables étaient très bas avant que les choses ne tournent au vinaigre.
Rajoutons à la liste le surendettement des ménages.
Avec l'envolée des taux, les américains ne purent plus payer leurs traites. Les banques en furent courroucées, surtout qu'elle avaient prêté de l'argent dont elles ne disposaient pas, elles-mêmes étant généreusement arrosées de liquidités chinoises & autres.
Elle se firent donc justice.

Résultat ? Dans tout le pays, plus de 10.000 mauvais payeurs sont expulsés chaque jour. La sagesse populaire vous le dira, qui paie ses dettes s'enrichit. Déjà 1.200.000 foyers ont dû rendre le bien qu'ils s'étaient indûment appropriés, et encore deux fois plus vont sûrement suivre.
C'est à dire la population de l'Ile de France. Quelle malhonnêteté ! Ne devrait-on pas en appeler à une moralisation des ménages ?
Et comme si cela ne suffisait pas, comment vendre autant de baraques pour se renflouer, même en bradant les prix ? Insolvables, les unes après les autres les banques menacent de fermer.
Heureusement, comme dans toute société communiste évoluée, la solidarité nationale joue. Le gouvernement veut que les responsabilité soient assumées collectivement (via l'impôt) et que la population éponge les dettes des entreprises privées via la nationalisation.

Bien sûr, une fois ces entreprises redevenues rentables, elles seront naturellement rétrocédées au privé. C'est presque un axiome en l'économie: le gouvernement est un très mauvais gestionnaire, et il n'est pas là pour faire des bénéfices. Les entreprises publiques sont des aberrations.
"Et chez nous ?"
Tout va admirablement bien. Certes, depuis des années certains que je ne citerai pas poussent à la financiarisation de l'économie à tout crin, allant jusqu'à dire qu'il faut développer le prêt sur hypothèque en France et, d'une manière plus générale, faisant tout ce qui humainement possible pour creuser un peu plus le gouffre des inégalités entre les gueux et les barons de la finance.
Cependant, notre pays avait un ou deux trains de retard, c'est à dire que tous les mécanismes de régulation n'avaient pas encore étés démantelés et qu'il était relativement loin de la bombe H quand elle a sauté de l'autre côté de l'Atlantique.
On parle de financer les banques via l'épargne populaire. Solidarité nationale en cas de bénéfices négatifs, tout ça.
Sortez les parapluies, le Tsunami arrive.
(*) Oui, là-bas c'est Dieu qui les fait, ce point n'est pas discutable.
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Je ne me savais pas amnésique.